Nous souhaitons mettre sur le blog le texte de Grand Corps Malade que nous avons lu mardi matin lors de la rencontre avec le collège Jules Reydellet.
Nous y avions ajouté une dernière strophe. C'est en fait le dernier couplet que nous avons traduit en créole.
La nuit est belle, l’air est chaud et les étoiles nous mâtent
Pendant qu'on kiffe et qu'on apprécie nos plus belles vacances
La vie est calme, il fait beau, il est 2h du mat',
On est quelques sourires à partager notre insouciance
C'est à ce moment-là hors du temps que la réalité a choisi
Pour montrer qu'elle décide et que si elle veut elle nous malmène
Elle a injecté dans nos joies comme une anesthésie
Souviens toi de ces sourires, ce ne sera plus jamais les mêmes.
Le temps s'est accéléré d'un coup, et c'est tout mon futur
qui bascule,
Les envies, les projets, les souvenirs, Dans ma tête y a trop de pensées qui se
bousculent,
Le choc n'a duré qu'une seconde,Mais ces ondes ne laissent personne
indifférents.
« Votre fils ne marchera plus », voilà ce qu'ils ont dit à mes parents.
Alors j'ai découvert de l'intérieur un monde parallèle,
Un monde où les gens te regardent avec gêne ou avec compassion
Un monde où être autonome devient un objectif irréel
Un monde qui existait sans que j'y fasse vraiment attention.
Ce monde-là vit à son propre rythme, mais n'a pas les mêmes
préoccupations.
Les soucis ont une autre échelle, et un moment banal peut-être une très bonne occupation.
Ce monde respire le même air, mais pas tout le temps avec la même facilité,
Il porte un nom qui fait peur ou qui dérange : les handicapés.
On met du temps à accepter ce mot, c'est lui qui finit par
s'imposer,
La langue française a choisi ce terme, moi j'ai rien d'autre à proposer.
Rappelle-toi juste que c'est pas une insulte, on avance tous sur le même
chemin,
Et tout le monde crie bien fort qu'un handicapé est d'abord un être humain.
Alors pourquoi tant d'embarras face à un mec en fauteuil
roulant
ou face à une aveugle Vas-y tu peux leur parler normalement.
C'est pas contagieux, pourtant avant de refaire mes premiers pas,
Certains savent comme moi qu'il y a des regards qu'on n'oublie pas.
C'est peut-être un monde fait de décence, de silence, de résistance
Un équilibre fragile, un oiseau dans l'orage,
une frontière étroite entre souffrance et espérance.
Ouvre un peu les yeux, c'est surtout un monde de courage.
Quand la faiblesse physique devient une force mentale,
Quand c'est le plus vulnérable qui sait où, quand, pourquoi et comment ?
Quand l'envie de sourire redevient un instinct vital.
Quand on comprend que l'énergie ne se lie pas seulement dans le mouvement.
Parfois la vie nous teste et met à l'épreuve notre capacité
d'adaptation.
Les 5 sens des handicapés sont touchés mais c'est un 6ème qui les délivre.
Bien au-delà de la volonté, plus fort que tout sans restriction,
Ce 6ème sens qui apparaît, c'est simplement l'envie de vivre.
Nat fwa la vi met galé sou
not rou, pou gard koman nou arlèv
bann andikapé na 5 sans
kom tout domoun, mé kan néna in lé gaté, na in i arvyin
pli for la volonté, pli
danzéré, na pwin limit
sizièm sans la, sé rienk
nout lanvi viv.
Christophe, Guillaume et Mathias.